Colleen Lachowicz, candidate au Sénat américain, joue à World of Warcraft. Ça pose un problème ?

Le 6 novembre prochain, les citoyens américains renouvelleront le Sénat des Etats-Unis (dans la foulée de l'élection présidentielle). À quelques semaines de l'échéance, les sénateurs candidats s'attèlent donc à convaincre les électeurs de leurs qualités... mais aussi à dénigrer ouvertement leurs adversaires.
Et dans l'Etat du Maine, le candidat républicain a manifestement trouvé l'angle d'attaque idéal contre Colleen Lachowicz, son adversaire démocrate, ayant manifestement le grand tort d'être... joueuse de World of Warcraft.

En plus d'être la candidate du parti démocrate, Colleen Lachowicz joue en effet une orc rogue de niveau 85, est membre d'une guilde active et partage sa passion sur des forums de joueurs. Le parti républicain a évidemment une toute autre vision de cette passion. Pour la droite américaine, « l'Etat du Maine a besoin d'un sénateur vivant dans le monde réel et non dans un univers fantastique », qualifié de « grossier, vicieux et violent ».
Dans un site créé par ses adversaires pour dénigrer la candidate (le monde de Colleen), le parti républicain souligne que Colleen Lachowicz « aime empoisonner » ou « frapper dans le dos toutes sortes de choses » et qui « bien qu'étant pacifiste, travailleuse sociale et démocrate adore ça » et se targue « de pouvoir tuer à tour de bras sans risquer la prison ». On l'aura compris, le site de contre publicité mise sur l'amalgame (très subtil ?) entre le personnage (rogue, spécialisé dans l'assassinat) et la joueuse.

Interrogée par NBC News, Colleen Lachowicz trouve « étrange que les Républicains s'intéressent plus à ses loisirs [...] qu'aux attentes des citoyens du Maine », soulignant surtout qu'elle est « en bonne compagnie puisque 183 millions d'Américains jouent aussi aux jeux en ligne, parmi lesquels Jodie Foster, Vin Diesel, Mike Myers, ou Robin Williams », « qu'il a y aujourd'hui plus de joueurs de plus de 50 ans que de moins de 18 ans », tout en s'interrogeant sur « la prochaine étape : ostraciser ceux jouant à Angry Birds ou Words with Friends ? ». Et d'affirmer que si jouer en ligne est réellement un crime, elle « plaide coupable », se demandant surtout si « le parti Républicain n'est pas un peu sur la touche ».
Et au-delà de l'anecdote, c'est peut-être le vrai sens de cette histoire. Au regard des populations de joueurs aujourd'hui, le temps où le jeu vidéo était connoté, voire stigmatisé, est peut-être révolu. Certains s'en sont rendu compte, d'autres non.